mardi 15 mai 2012 à 21h

Groupe Local de Concertation Prison - Corrèze

Projection-débat : A l'ombre de la République un film de Stéphane Mercurio

Cinéma REX - 3. boulevard Koenig 19100 Brive -

Le mardi 15 mai à 21h, en présence de la réalisatrice

// En collaboration avec le Groupe Local de Concertation Prison - Corrèze //

Pour la première fois, après trois ans d'existence, le CGLPL (Contrôle général des lieux de privation de liberté) accepte qu'une équipe de tournage le suive dans son travail essentiel de contrôle des droits fondamentaux dans les prisons, hôpitaux psychiatriques, commissariats…

Stéphane Mercurio a suivi une quinzaine de contrôleurs. Leurs lieux de mission : la maison d'arrêt de femmes de Versailles, l'hôpital psychiatrique d'Evreux, la Centrale de l'île de Ré, et enfin la toute nouvelle prison de Bourg-en-Bresse. Pendant ces quelques semaines d'immersion à leurs côtés au coeur des quartiers disciplinaires, dans les cours de promenade des prisons ou dans le secret des chambres d'isolement, un voile se lève sur l'enfermement et la réalité des droits fondamentaux en ces lieux.

Note d'intention

Dans mon précédent film «À côté», je filmais des familles de prisonniers avant et après les parloirs en restant hors de la prison. Aux côtés des contrôleurs, ici je pénètre au cœur des lieux de détention.

Je traverse le mur. Qu'y a-t-il de commun à tous ces lieux ? Comment faire respecter les droits des détenus, des malades mentaux ? Alors que tout dérive, le contrôle peut-il garantir leurs droits? Qu'est-ce donc qu'être enfermé en France en 2010 ?

À tout moment, sur l'ensemble du territoire français, les contrôleurs peuvent se rendre derrière les murs de leur choix. À toute heure, et pour la durée qu'ils jugent nécessaire. Vivre cette immersion avec le contrôle, c'est, bien entendu, voir une réalité sur laquelle la République se veut discrète. Il est extrêmement difficile - voire impossible - en France de pénétrer à l'intérieur de ces lieux. Les autorisations sont le plus souvent refusées, ou les tournages très encadrés ! Et de son côté, le public préfère les criminels à l'ombre, les fous, interdits de cité, les inutiles hors d'usage. Ils sont « fous, dangereux, pauvres ». Laissons-les là où ils ne nous gênent pas, et qu'importent les conditions dans lesquelles ils sont détenus : prisons surpeuplées ou inhumaines, hôpitaux psychiatriques sans moyens où les malades tournent en rond des journées entières, gardes à vue abusives…

Ces lieux nourrissent le fantasme. Parfois, la réalité est plus banale qu'on ne l'imagine. L'horreur de l'incarcération se joue sur d'infimes petites choses, transformant le quotidien en cauchemar.

Le téléphone, auquel on n'a pas accès, l'éloignement de la famille qui délite les liens, la peur de la promenade où tout peut arriver. Le contrôle mesure les détails. Il mesure également les conséquences du temps passé à ne rien faire - des journées, des semaines, des mois de vide - parce que c'est ainsi que les hommes sont détruits, humiliés, fatigués. C'est ainsi que les hommes se suicident, deviennent inaptes à la vie dans la cité, c'est ainsi que la violence s'exacerbe contre les autres ou contre eux-mêmes.

Source : message reçu le 10 mai 11h